mercredi 16 janvier 2013

Exercice de style : l'Asie et le smoking

Puisque j'ai démarré avec un choix tout à fait arbitraire pour les magazines de mode, je vais poursuivre de même avec les boutiques en ligne, en me concentrant sur le site d'Asos.

On est heureux, on est stylé, on s'habille chez Asos. 
C'est un site que j'aime bien principalement parce que c'est l'un des rares à proposer des frais de livraison et de retour gratuits sur un certain nombre de pays, ce qui est le summum de l'esprit commerçant en VPC. De plus, leur catalogue propose de sélectionner très facilement les différents critères qui nous intéressent, ce qui n'est pas toujours évident. Enfin, leur moteur de recherche permet de lancer des requêtes sur des styles, des célébrités, etc. Et on peut enrichir tout ça avec le marketplace (qui fait pas mal penser aux rubriques "streetstyle" des magazines) et l'onglet "tenues et looks". Que dire d'autre ? Il y en a a peu près pour tous les budgets et pour tous les styles ce qui ça aussi reste assez rare pour une boutique de vente en ligne. Et enfin, rarissime, ils proposent des robes mi-longues. Non mais je veux dire vraiment mi-longues. C'est fou!

Robe mi-longue ASOS Collection à 58,34€.

Robe d'été ASOS Collection en promo à 10,42 €. 























En relisant ce passage, je me dis que ça fait très promo; et bien oui, pour une fois que je tombe sur un site pluriellement bien, je le dis.
Et j'en rajoute même pour préciser qu'ils ont une ligne maternité (de la marque de la maison seulement). Et qu'on peut voir la vidéo des défilés pour chaque vêtement. Que demande le peuple ?

Revenons-en à notre style tendance.
Pour commencer, je réduis l'Asie au kimono juste pour cet article et je reste devant mon miroir à hésiter entre ces trois versions : punchy, glamour ou romantique.

Blazer kimono multicolore Vero Moda (20,80€ promo).



Veste kimono perlée en mousseline Costa Blanca (27,09€ promo)


Veste kimono à croquis de rose en mousseline de crêpe Vila (29,17€ promo).

Côté smoking, on négocie. D'abord parce que le smoking c'est pas si urbain que ça, et puis parce que c'est pas vraiment abordable de se la jouer grand monsieur.
Par exemple, si on veut suivre les lignes du smoking revisité on a le choix entre le pantalon droit à peine rehaussé de satin sur les côtés ou le mini-blazer à col emblématique :

  
Pantalon Boutique By Jaeger à 90,29€ (en promo)

Blazer smoking ASOS Collection à 69,45€














Pas très intéressant pour nos porte-monnaies en ces temps de soldes. Donc la vraie bonne idée, c'est de prendre son nécessaire à couture ou son portable pour téléphoner à sa couturière préférée et de customiser à l'ancienne. Un galon de satin par-ci, un revers de col en soie par-là, les possibilités sont infinies et franchement pas si compliquées que ça. Et puis ça permet de remixer les bons basiques qui font tristes mines : la petite veste à basque, le blazer boyish ou la jupe crayon taille haute.

On papote, on papote et le temps file à une vitesse...! Donc la suite demain inchallah. 

Exercice de style : revue de presse

J'aime feuilleter les magazines de mode. Plus regarder que lire; et après décoder.

Je me suis dis que ce serait pas mal de réfléchir à ce que nous proposent les éditeurs en terme de mode. La photo glamour d'un mannequin stylé et le conseil mode qui va avec, dans la vraie vie, on en fait quoi ? Petit exercice de style...

Je me suis concentrée pour cette semaine sur deux magazines : Vogue et L'Officiel de la Mode (c'est quand même plus chic de dire le nom entier; un petit côté vintage sur le bout de la langue).
J'aurai pu me tourner du côté d'Elle et de Marie Claire... Une prochaine fois peut-être.

Chez Mme Vogue, c'est Milla Jovovich qui a retenu mon oeil.

Milla Jovovich en couverture de Vogue pour les 66 looks made in New York
Petite veste à lacets et col : Il était une fois... 
Forcément en couverture, avec une veste à lacet en cuir et un col digne des plus beaux textes de Perrault... Un petit côté Once upon a time qui me fait penser qu'un revival moyen-âgeux doit se balader pas si loin des podiums (rappelons-nous du spot baroque d'il n'y a pas si longtemps que ça et puis finalement, les contes de fée, la fantasy et tout, et tout, ça nous rappelle le gothique vampiresque qui vampirise (!!!) la culture depuis quelques temps).
evil queen costume
... une méchante reine qui avait un style qui fera peut-être la tendance de demain. 


(Petite parenthèse pour noter que cela fait bien longtemps que je n'ai pas écrit d'articles... C'est un exercice tout de même! L'ensemble parait-il fluide ? Arrives-tu à me suivre ô lecteur ?)

Donc j'en étais à Vogue et à Milla, à sa veste en cuir et à ce fameux article sur les 66 looks printaniers et new yorkais; rien que ça, merci pour nous. La tenue est signée Hedi Slimane pour Saint Laurent.

De l'autre côté, M. L'Officiel vise carrément l'été et nous promet pas moins de 208 pages sur l'essentiel. Heureusement qu'ils ne visaient pas l'exhaustivité. Pour la couverture on a droit à un petit oiseau aux plumes de neige. C'est frais (voir froid avec la température ambiante), c'est clair, lumineux, avec un mannequin à la peau hâlée (Lais Ribeiro), bref, estival.



Du coup, ni une, ni deux, je farfouille dans le site à la recherche du mode d'emploi tendance de la prochaine saison. Les deux magazines proposent chacun 15 tendances, pas une de plus, pas une de moins.

Chez Vogue : les sixties, les rayures, les imprimés asiatiques, le smoking, le damier, les volants, Hawaï, le kimono, l'irisé, le safari, les franges, le plissé, les sequins dorés, les pois, les jumelles.
Le tout est un peu facile; certaines catégories peuvent être rassemblées.

Nina Ricci, Bottega Veneta et Versace en folie de tcha tcha tcha.

Chez L'O : l'Asie, les bermudas, les cropped, le fluo, le harnais, Hawai, l'irisé, la longueur posh (mais oui, mais oui; avant on appelait ça le mi-long, voir mi-mollet, mais il parait que Victoria Posh Beckham a réinventé tout ça), le patchwork, le python, le safari, le smoking, et la géométrie dansante (en gros, les sixties quoi).
Ici, les idées sont plus pointues mais un peu plus risquées (essayes, cher lecteur, d'arborer un top cropped fluo avec un bermuda en fourrure et tu m'en diras des nouvelles... ou pire, un top cropped en fourrure avec un bermuda fluo !).

Etro, Haider Ackermann, Christopher Kane, Emilio Pucci, Prada et Gareth Pugh  en route vers l'Asie.

Donc, pour résumer, les deux forment consensus sur les années soixante, l'Asie, les géométries variables, le smoking, Hawaï, l'irisé et le safari. Si tu veux suivre la masse et être dans le coup, voilà les 7 ingrédients de base pour la belle saison.

Maintenant on peut en venir à notre propos principal : on en fait quoi ?

La réponse, tout de suite après une page de pub (ou juste le temps d'ouvrir un nouvel article pour pas trop chargé celui-ci).



lundi 24 décembre 2012

Une histoire de poule et d'oeuf

Marta R. Hidalgo a été rédactrice de Woman Magazine et Vogue, elle a aussi été journaliste et l’est toujours aujourd’hui.

Dans l’introduction des Jeunes Créateurs de Mode elle pose l’idée que le vêtement fait parler le corps. Cette phrase a tout de suite retenu mon attention.

Est-ce réellement le cas ? Le vêtement a-t-il une place si importante qu’il puisse donner la parole au corps ?

Le mode vestimentaire que l’on expose aux regards des autres est un outil de communication. Il est une vitrine de ce que l’on veut montrer selon les circonstances, le jour, le lieu, l’humeur, etc., de ce que l’on est en termes d’identité et de personnalité.

Pourtant, je ne donnerai pas au vêtement la force d’être un orateur pour le corps. Pour moi, c’est bien le corps qui fait parler le vêtement. 

Un corps vibre sous le tissu; un vêtement sans corps n’est pas très intéressant. Sur les podiums, les mannequins donnent vie à la tenue et non pas l’inverse.
Le vêtement a-t-il le pouvoir de faire s’exprimer le corps ? Verre à moitié plein ou à moitié vide ? 

Je dirai que le corps s’exprime, point. 

Et c'est ce que la personne veut construire de son rapport au lien social, et à travers elle, l’époque et la société même, qui parlent par le vêtement. 



Hidalgo, M., R. (2007). Jeunes Créateurs de Mode. Köln : Taschen

Brocarts de Soie

Brocart de soie chez Stragier, maison belge

Il m'a semblé évident que le premier article "au coeur des matières" prenne pour sujet les brocarts de soie, étoffe noble par excellence et que l'on connait si peu pourtant.

Sans trop entrer dans des détails que les plus intéressés pourront retrouver sans problèmes dans quelques bons titres, rappelons rapidement l'origine de ce tissu et sa définition.

Tout commence en Asie, plus précisément en Chine, avec la sériciculture. Rappel : la sériciculture c'est tout simplement la culture qui permet d'exploiter le fil issu du cocon des vers à soie. Très vite, elle s'étendra grâce aux nomades jusqu'en Inde avec des cultures domestiques et non-domestiques. Les premières donnent un rendu beaucoup plus lisse, le cocon étant récupéré, alors même que le ver est encore à l'intérieur, le tuant bien entendu durant l'opération. Les secondes, dites aussi "sauvages", sont issues de cocons percés par la sortie du ver. Celui-ci reste donc en vie, et les fils brisés doivent être filer pour pouvoir en obtenir des longs. Le rendu sera rugueux avec de petits défauts pourraient-on dire. Tout comme pour les perles baroques, ce sont justement ces défauts qui font la beauté et l'originalité de cette soie.

Madmoizelle nous offre un aperçu du brocart façon Mc Queen


Qu'est-ce qu'un brocart de soie exactement ?
Il s'agit d'un tissage de soie avec un motif purement décoratif, indépendant de la structure du tissu. Concrètement, une trame supplémentaire est utilisée pour les motifs ou encore une chaîne supplémentaire. Au final, le motif ne fera pas partie intégrale du tissage principal. Le résultat ressemble à une broderie, selon le fil utilisé, de soie, d'or ou encore d'argent. Cette technique rappelle celle de la tapisserie, à la différence que lors du tissage du brocart, le fil principal de la trame passe d'une lisière à l'autre, ce qui permet de former une fondation de tissage pour la trame du motif.
A partie de cette base technique, plusieurs variantes permettent de retrouver des brocarts différents en finesse, richesse et précision : fond en or et argent associé à des motifs de soie, fond en soie de couleurs associée à des motifs or et argent, utilisation d'armures multiples (satin, toile, twill) pour obtenir différents fonds et un seul type de motifs, double chaîne de fond et de liaison de la trame des motifs, etc.

Parler d'un brocart sans spécifier le type de tissus dont il s'agit reste un langage de néophyte. Chacun possède ses caractéristiques propres qui précisent aux connaisseurs toute la représentation à lui associer : motifs d'or qui "mangent" presque tout le fond tant ils sont opulents, motifs plus légers mais mêlant l'or et l'argent et vendus au poids, motifs uniquement en fil de soie pour un rendu infiniment plus léger, etc.

N'existe-t-il que des brocarts à base de soie ? Absolument pas. Bien sûr, ce sont les plus prisés, notamment pour les tenues de cérémonies, mais on retrouve également des brocarts de lin ou de laine, plus "utiles" face aux climats rudes, de coton et autres fibres.


Quelques livres :
Agrawal, Y. (2004). Les brocarts de soie. New Delhi : Roli.