lundi 24 décembre 2012

Brocarts de Soie

Brocart de soie chez Stragier, maison belge

Il m'a semblé évident que le premier article "au coeur des matières" prenne pour sujet les brocarts de soie, étoffe noble par excellence et que l'on connait si peu pourtant.

Sans trop entrer dans des détails que les plus intéressés pourront retrouver sans problèmes dans quelques bons titres, rappelons rapidement l'origine de ce tissu et sa définition.

Tout commence en Asie, plus précisément en Chine, avec la sériciculture. Rappel : la sériciculture c'est tout simplement la culture qui permet d'exploiter le fil issu du cocon des vers à soie. Très vite, elle s'étendra grâce aux nomades jusqu'en Inde avec des cultures domestiques et non-domestiques. Les premières donnent un rendu beaucoup plus lisse, le cocon étant récupéré, alors même que le ver est encore à l'intérieur, le tuant bien entendu durant l'opération. Les secondes, dites aussi "sauvages", sont issues de cocons percés par la sortie du ver. Celui-ci reste donc en vie, et les fils brisés doivent être filer pour pouvoir en obtenir des longs. Le rendu sera rugueux avec de petits défauts pourraient-on dire. Tout comme pour les perles baroques, ce sont justement ces défauts qui font la beauté et l'originalité de cette soie.

Madmoizelle nous offre un aperçu du brocart façon Mc Queen


Qu'est-ce qu'un brocart de soie exactement ?
Il s'agit d'un tissage de soie avec un motif purement décoratif, indépendant de la structure du tissu. Concrètement, une trame supplémentaire est utilisée pour les motifs ou encore une chaîne supplémentaire. Au final, le motif ne fera pas partie intégrale du tissage principal. Le résultat ressemble à une broderie, selon le fil utilisé, de soie, d'or ou encore d'argent. Cette technique rappelle celle de la tapisserie, à la différence que lors du tissage du brocart, le fil principal de la trame passe d'une lisière à l'autre, ce qui permet de former une fondation de tissage pour la trame du motif.
A partie de cette base technique, plusieurs variantes permettent de retrouver des brocarts différents en finesse, richesse et précision : fond en or et argent associé à des motifs de soie, fond en soie de couleurs associée à des motifs or et argent, utilisation d'armures multiples (satin, toile, twill) pour obtenir différents fonds et un seul type de motifs, double chaîne de fond et de liaison de la trame des motifs, etc.

Parler d'un brocart sans spécifier le type de tissus dont il s'agit reste un langage de néophyte. Chacun possède ses caractéristiques propres qui précisent aux connaisseurs toute la représentation à lui associer : motifs d'or qui "mangent" presque tout le fond tant ils sont opulents, motifs plus légers mais mêlant l'or et l'argent et vendus au poids, motifs uniquement en fil de soie pour un rendu infiniment plus léger, etc.

N'existe-t-il que des brocarts à base de soie ? Absolument pas. Bien sûr, ce sont les plus prisés, notamment pour les tenues de cérémonies, mais on retrouve également des brocarts de lin ou de laine, plus "utiles" face aux climats rudes, de coton et autres fibres.


Quelques livres :
Agrawal, Y. (2004). Les brocarts de soie. New Delhi : Roli. 

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