Lorsque j'ai entendu pour la première fois l'histoire des bijoux d'Abalessa, mes yeux se sont écarquillés en grand. Une aventure digne d'un long métrage pour Indiana Jones au coeur même de l'Algérie. Pour ceux qui ne connaissent pas cette histoire, écoutez bien, je vais m'improviser conteur : kan ya ma kan, fi waqt ez-zaman...
Tin-Hinan. Les amateurs d'histoire, auront reconnu le nom de la reine touareg, vibrante d'une renommée mythique et d'un symbolisme fantasmatique. Partie du Tafilalet marocain dit-on (pour ceux qui comme moi sont pas doués en géographie marocaine, y'a toujours Google Maps), elle se serait installée dans l'Ahaggar avec toute sa troupe puis aurait été inhumée dans un tombeau au nord de Tamanrasset, à Abalessa... croit-on.
Imaginez un peu ce qu'a pu vivre cette femme, à la tête de tout un clan de nomades, décidant de quitter sa terre natale pour conquérir une nouvelle contrée, aride, hostile et quasiment à l'autre bout du monde.... Ok, faut relativiser, je suis sûr qu'à l'époque Tamanrasset c'était l'autre bout du monde.
S'y installer et en devenir suffisamment maître, pour faire entrer son nom dans la légende puis y reposer pendant des siècles, dans un faste que personne n'osera toucher... Jusqu'à cette année 1925 où des archéologues ont franchi le pas.
Pour trouver quoi ? 83 bijoux et des centaines de pierres semi-précieuses. De quoi faire tourner les têtes, non ? Des kilos de bracelets d'or et d'argent, au stylisme si minimaliste qu'il se voudrait presque moderne. Le reste d'un pendentif ou d'une fibule, arrondi comme un soleil avec sa petite étoile en perle, des fragments de collier d'inspiration romaine, des perles d'or et d'autres d'argent, des rosaces à cinq branches, des bijoux en bronze et en fer, des perles de différentes formes en calcédoine, agate et cornaline, mais aussi amazonite, jaspe, cuivre et fer.
Les questions qui se posent toujours :
- le corps n'a jamais été vraiment identifié : s'agit-il d'un homme ? D'une femme ? Le port des bijoux ne signifient rien pour l'époque. Dans ce cas, pourquoi considérer que ce trésor serait celui de Tin-Hinan ?
- Le tombeau à chambre multiple, tel qu'il à été construit était caractéristique du littoral, pourquoi en avoir dressé un si loin au sud ?
- Comment expliquer la présence simultanée dans un même tombeau d'orfèvrerie méditerranéenne (pendentif, rosace, fibule, perles semi-précieuses), de productions africaines (bracelets), de rites préhistoriques et de mobilier romain ?
- l'or et l'argent sont les métaux les plus présents dans ce trésor; à l'époque (premiers siècles du calendrier grégorien, Protohistoire), ils étaient tous deux très rarement utilisés en Afrique du Nord : quel sorte de personne pouvait se constituer un tel trésor ?
- deux stylets en argent (éventuellement des épingle à fibule) ont été retrouvés mais l'un d'eux à mystérieusement disparu...
-un bracelet en fer torsadé a été retrouvé par terre, dans une autre chambre, non loin d'un autel... franchement, comment il a fait pour atterrir là ! Mystère, mystère...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire