On ne croirait pas comme ça, mais nous voilà face à un gros morceau. Le burnous est non seulement un habit traditionnel ancien, mais c'est en plus un vêtement qui a su se renouveler pour ne pas disparaître. Comme beaucoup d'autres, il a joué sur la mixité pour se péréniser.
Surtout, ne pas faire d'amalgame, burnous algérien et variantes maghrébines sont cousins certes mais pas plus. Ce n'est pas du nationalisme, mais le parcours est assez différent pour que cette tenue prenne des valeurs particulières dans chaque pays. Par exemple, on le retrouvera le plus souvent au Maroc sous le nom de "selham". Appel aux amateurs du Maghreb et d'ailleurs : vous savez deux-trois choses sur le burnous de votre pays ? N'hésitez pas à partager avec nous.
Vêtement d'extérieur, le burnous est d'abord porté pour se protéger de conditions climatiques peu favorables. L'authentique, en poil de dromadaire (oubar... la qualité est là, le prix aussi...), prend l'allure d'une cape très ample, avec un capuchon. Ouvert sur la longueur avant, il est fermé sur la poitrine par une couture d'une quinzaine de centimètres, que certains appellent sdar. Sa couleur brune est bien connue et caractéristique du milieu rural.
En lainage blanc, il est plutôt synonyme d'élégance et même d'opulence; si dans l'ancien temps il était l'apanage des notaires des villes, aujourd'hui c'est celui des mariés.
Pour l'anecdote, c'est lui qui donnera son nom à la chaîne de montagnes franco-espagnole, les Pyrennées; on dit que les guerriers partis à la conquête de l'Europe restèrent stupéfaits par le panorama des cimes espagnoles.
Généralement associé à la région de Djelfa pour la production, on le retrouve autour : Bou Saada, M'sila, Medea et toute la zone des plateaux. Et même, qui, algérois, tlemcenien, constantinois ou autre citadin du littoral n'a pas autour de lui un grand-père ou quelques voisins qui en portent un ? Patrimoine régional certes, mais trésor national aussi.
Bleu et rouge. Deux couleurs de burnous liées à la Guerre. Aux spahis, anciens soldats turcs ralliés à la France, les rouges. Aux premiers supplétifs, les makhzen ralliés par la force ou la conviction, les burnous bleus. Du côté des combattants pour l'Indépendance aussi, les burnous étaient utilisés, non seulement parce que c'était un vêtement habituel et d'usage, mais aussi parce qu'il était bien pratique. Plutôt facile de cacher des armes sous ces grands manteaux.
Tellement emblématique, l'habit fut vite réutilisé par le discours colonial et xénophobe pour désigner "l'indigène", celui qui était exploité sans vergogne quand les patrons se décidaient à "faire suer le burnous".
Si les mariés le portaient déjà depuis longtemps pour jouer les élégants, les mariées elles, ne se feront pas prier pour l'adopter à leur tour, jusqu'à devenir dans certaines régions, le seul vêtement dans lequel la jeune mariée puisse sortir de chez elle. Pour certaines mendil et hayek sont tout à fait oubliés; le burnous blanc, brodé ton sur ton, or ou argent s'est imposé. Taillé plus petit, il habille nos petits garçons lors de leur circoncision.
Chez Le Midi-Dz, j'ai lu l'avis d'un professionnel "Mahmoud" qui parle de haute-couture. Et pourquoi pas ? La matière est noble et naturelle, la technique artisanale et la qualité se doit d'être au rendez-vous.
A lire :
"Le tissage dans l'Atlas marocain, miroir de la terre et de la vie", Yassir Benhima, Journal des Africanistes, 2005, Unesco.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire