Rien à voir avec le conte, juste un clin d'oeil coloré pour le film qui sera le sujet de cet article, La Voisine de Ghaouti Bendeddouche. Ce n'est pas tant le film en lui-même qui m'occupe ici mais la scène d'ouverture et l'entrée de l'actrice principale.
Une foule noire s'amasse sur le quai de la gare. Elle vibre, on sent la turbulence habituelle de la grande ville. La locomotive s'avance lentement, grosse masse sombre et luisante. Des hommes, anonymes, sans visages auxquels faire vraiment attention, sans âges auxquels faire référence, déferlent vers la sortie. Au milieu de tout ça apparaît au détour d'un écran noir qui présente le titre du film, une veste rouge; c'est elle, celle que le titre vient d'annoncer, la voisine. Seul femme que l'on remarque vraiment à ce moment-là (mais la foule semble de toute façon composée uniquement d'hommes... volontairement ?), on la suit un petit moment, sur son chemin vers la Casbah.
Pourquoi cette veste rouge a-t-elle tellement retenu mon attention ? Visuellement et surtout symboliquement, elle attire le regard. Dans cette pénombre du quotidien, cette grisaille de ferraille, la voisine dans son costume d'apparat focalise toute l'attention. Qui n'a pas vu le film commence tout de suite à faire des hypothèses : une femme avec une tenue aussi voyante, c'est sûrement l'héroïne du film; une héroïne avec une veste aussi voyante, de quel "genre de femme" pourrait-il s'agir ? Et à partir de là c'est dans l'histoire complète de cette pauvre voisine que l'on entre. Le règne des apparences peut faire tourner les têtes et serrer les coeurs. Elle s'en rendra bien compte, entourée de toutes ces femmes qui craignent à tort la pudeur qui entoure sa vie privée, poursuivi par cet homme qui la voit, à tort, comme séductrice pleine de mystères.
Et puis finalement, pour qui se prend-elle celle-là à débarquer comme ça dans le quotidien des bonnes gens, mettant tout sans dessus dessous, l'air de rien ? De la même manière, elle débarque sur le quai de la gare, plus grande que tous ceux qui l'entourent, ses cheveux tombant en cascade sur sa veste rouge.
Dans la petite maison algéroise, cette voisine-là, sera celle qui pousse à se remettre en question, à se poser des questions sur soi-même et sur ceux qui nous entoure. Elle dénote, dérange presque. Comme sur ce quai de gare, entourée de tous ces hommes, vêtue de sa petite veste rouge.
Envie de voir ce que donne cette première scène en image ?
La Voisine, de Bendeddouche
avec Linda Yasmine
Biyouna, Aida Guechoud, ...
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